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Quand en 2017 il fut annoncé que Toprak Razgatlioglu (Turkish Puccetti Racing) rejoindrait la grille WorldSBK pour la saison suivante, Jonathan Rea lui a prêté main forte. Le pilote turc avait déjà le soutien de son compatriote et mentor, Kenan Sofuoglu mais il a également bénéficié du soutien de Rea. 

 

Lors des premiers tests durant la pré-saison, on avait demandé à Rea de venir en aide à la nouvelle recrue de chez Kawasaki. Le Nord-Irlandais avait alors déclaré : « Il est doté d’un talent naturel, donc c’est plaisant de l’aider. Mais je ne l’aiderai pas toujours parce qu’il va devenir trop rapide.» 

 

Il aura fallu attendre jusqu’à la mi-saison de cette campagne 2019 pour voir Razgatlioglu faire les progrès nécessaires pour se battre pour la victoire. À Misano, le pilote turc s’était mesuré à Rea lors de la Course 2, témoignant de son incroyable niveau. Si Razgatlioglu tenait tête à son homologue de chez Kawasaki pendant de nombreux tours, le manque d’expérience du Turc ne lui permettait pas de décrocher la victoire.

 

À Donington Park, Razagtlioglu revenait aux avant-postes mais ayant fait un choix de pneus différents de Rea, il n’avait pas assez de confiance pour se battre pour la victoire. La première bataille contre Rea était positive, la seconde était une confirmation. À ce moment-là, le pilote turc était enfin prêt à décrocher sa première victoire mais il lui faudrait attendre jusqu’à Magny-Cours pour se hisser sur la plus haute marche du podium.

 

Après avoir affronté Razgatlioglu pour des victoires et des podiums, qu’en pense Rea ? Le Nord-Irlandais explique : « Honnêtement, il est l’un des pilotes les plus doués que j’ai vu. Il n’y a aucun doute qu’il sera Champion du Monde dans quelques années. J’espère juste l’en empêcher le plus longtemps possible ! Quand vous êtes un jeune pilote, il y a beaucoup de choses à apprendre. Si vous enfourchez une Superbike assez tôt, comme l’a fait Toprak, cela peut vraiment vous aider mais vous devez sacrifier quelques années comme des années d’apprentissage. Il ne faut pas brûler les étapes. »

 

« Le plus important, c’est d’éviter de se blesser, poursuit Rea. Si je pouvais m’adresser à mon moi de 19 ans, je me dirai juste d’être plus calme. Il faut avoir la chance de bénéficier de nouvelles opportunités comme moi, parce que j’ai beaucoup chuté, et même si j’ai tiré des leçons de mes erreurs, j’accumulais les factures de dommages pour les teams, c’était difficile. Toprak a réussi à apprendre sans trop tomber durant ses années de rookie. Après l’avoir observé en Superstock, je pensais d’ailleurs le voir gagner plus vite parce qu’on voyait déjà qu’il avait un excellent niveau. Etant moi-même un pilote Kawasaki, je me rendais bien compte qu’il pilotait très bien cette machine. »

 

Durant les débuts de Razgatlioglu en WorldSBK, Rea a souvent tendu la main au rookie : « J’étais l’un de ses fans et quand il a rejoint le World Superbike, je lui ai toujours tendu la main. Pendant sa première année, il lui fallait du temps pour apprendre mais apparement, travailler avec Phil Marron a été bénéfique pour lui. L’atmosphère familiale de l’équipe Puccetti fonctionne très bien. Cela me fait plaisir de le voir réussir. Il nous a battu à Magny-Cours et cela a été un coup dur pour moi ! »

 

En 2020, Razgatlioglu rejoindra le team Pata Yamaha, un nouveau défi pour le nouveau vainqueur de la catégorie. Il devra certainement adapté son style de pilotage à la R1 et se retrouver dans une autre équipe après avoir évolué au sein du Puccetti Racing Team depuis 2014 sera également une nouveauté à laquelle il faudra s’habituer. Sans nul doute, Razgatlioglu a le talent pour réussir mais il lui faudra apprendre un nouveau fonctionnement, s’adapter à une nouvelle moto et découvrir de nouvelles personnes. Changer d’équipe est difficile et Rea se rappelle de sa transition de l’équipe Ten Kate Racing au Kawasaki Racing Team en 2015.

 

« Je me souviens, quand j’ai rejoint le KRT, j’ai eu beaucoup à apprendre, se remémore Rea. Depuis, nous avons mis une structure en place chez Kawasaki et j’y ai apporté ma contribution. J’ai également emmené un assistant et mon coach. C’est compliqué quand vous arrivez dans une équipe officielle avec 40 personnes. Tout le monde doit avoir son rôle, sinon ils ne doivent pas être là. » 

 

« Le KRT est une équipe très structurée, conclut le quintuple Champion du Monde. J’ai de la chance car dans certaines de mes anciennes équipe, ce n’était pas comme cela et peu leur importait que le pilote se comporte comme une rockstar. Chez Kawasaki, ils investissent en vous en tant que personne, qu’athlète. Je suis très chanceux car la plupart des équipes vous font confiance, pensent que tout ce que vous faîtes est bien. Avoir tout ce qu’il vous faut pour performer, c’est cela qui fait la différence. »

 

Rea et Razgatlioglu nous offriront-ils une nouvelle bagarre à l’occasion du Round Motul du Qatar ? À découvrir avec le VidéoPass WorldSBK.